Pour avoir assisté à la genèse de la musique électronique en France, Umwelt s'est forgé au fil des années un son très personnel et caractéristique. Premier artiste hexagonal à signer sur Satamile, le Rhône Alpin, auteur d'une discographie déjà conséquente, revient sur un parcours musical exemplaire et lève le voile sur ses projets...
- Atome : Salut Fred, tout d'abord félicitations pour ton superbe maxi intitulé "Post Humain EP" sur Satamile (cf. chronique). Parle-nous un peu de ce projet ? Comment s'est passée ta rencontre avec Andrew A. Price, le patron de Satamile ?
- Umwelt : Je te retourne le compliment pour le choix des disques que tu chroniques brillamment. Concernant mon nouveau EP sur Satamile, ça s'est tout simplement fait à partir d'une démo que j'ai envoyée. Signer sur Satamile est un truc assez incroyable. Le courant est très bien passé avec Andrew. Il est proche de ses artistes. Ce n'est pas par hasard si Satamile est un label référence. Pour le EP, Andrew a choisi les morceaux et j'ai donné le titre "Post Humain" seulement après. C'est une anticipation de l'évolution de l'être humain qui devra s'adapter à l'environnement hostile qu'il a lui-même créé... il s'agit d'une mutation violente et rapide de l'espèce humaine.
- A. : Peux-tu te présenter un peu plus ? D'où viens-tu, quel est ton background musical, quand et comment as-tu découvert la musique électronique ?
- U. : Je suis Français, originaire de Lyon. A la fin des années 80, j'ai acheté mes 1ères platines avec mon frère Phil. Mon tout premier maxi était The Maxx "Cocaïne", c'était la période New Beat. C'est à cette même époque que j'ai commencé mes bidouillages. J'avais 15 ans. Je créais des megamixes à partir de collages sonores avec ma platine cassette. En 1990 arrivait radio Maxximum qui diffusait des artistes comme D-Shake, N-Joi, Lost, Altern 8,True Faith, Lfo, 808 State... et des productions d'un des premiers labels français Rave Age Records. Les premières raves en France faisaient leur apparition avec des DJs comme Adam X et Frankie Bones : une révélation pour moi ! A partir de ce moment là, j'ai commencé à acheter des disques régulièrement. En 1993, sous le nom de Freddy'J, je suis devenu résidant dans un gros squat à Lyon, L'Hypnotik. En parallèle, je lance ma première émission de radio. Entre l'Hypnotik, les raves et la radio, c'était l'hallu ! Je mixais des disques plutôt hard de labels comme Direct Drive, Experimental, Industrial Strength, Drop Bass, Magnetic North...Par la suite mes mixes ont été influencés par des artistes comme Porter Ricks, Drexciya, Aux88, Steve Bicknell, Kim Rappati, Planetary Assault System... En même temps, je me constitue un petit home studio, me lance dans la compo et sort en 1997 mon premier EP sous le nom d'Umwelt.
- A. : D'ou vient ton nom de scène ? Quel est le concept derrière Umwelt ?
- U. : Umwelt est un terme allemand qui signifie environnement. Il résume en quelque sorte mon état d'esprit et donc ma musique... C'est un appel au respect de la planète. C'est une mise en garde faite à l'être humain et ceux qui nous représentent. L'homme met en danger l'avenir de la planète et son propre avenir.
- A. : De quels artistes français et étrangers te sens-tu le plus proche ?
- U. : Actuellement, j'apprécie ce que font Carl A. Finlow, Radioactive Man, Adj, Andrea Parker, EMS, Transparent Sound, Scape One, Automat, Bass Junkie, Manasyt... En labels, il y a Satamile bien sûr, Touchin Bass, Kommando 6, Rag & Bones, Lone, Pyramid Transmissions, Electrix, Control Tower... Mais mes influences sont multiples, elles ne s'arrêtent pas à l'electro pure, elles oscillent entre l'Electronica et l'indus en passant par le Hip Hop. J'aime bien les ambiances sombres et mélancoliques.
- A. : Expliques-nous ton processus de création ? Quels types d'instruments utilises-tu ?
- U. : Je ne crois pas utiliser de processus particulier dans ma création musicale. C'est selon mon état d'esprit du moment, mes envies... et à mon avis aussi selon ce que j'écoute ou ce que j'ai pu faire ou voir. Ce que je compose un jour ne sera pas forcément la suite de ce que j'ai fait la veille. Concernant mon home studio, on peut dire qu'il est comme ma façon de travailler, plutôt old school. Je n'ai ni PC ni soft. Mon studio est constitué de plusieurs synthés vintage et actuels reliés à une MPC qui a remplacé depuis peu mon Atari. Ce qui compte vraiment pour moi, c'est la machine. Je suis passionné de synthés, de ce fait mon studio est en mutation permanente.
- A. : Quels sujets abordes-tu généralement ? D'ou vient ton inspiration ?
- U. : Mon inspiration ? Je crois qu'elle vient d'un mélange de mon passé, de ma vie actuelle et de mes envies, espérances et craintes. Je crois que mes morceaux naissent de la création d'un seul son ou d'un thème musical. Quant aux sujets, ils sont plutôt secondaires et libres d'interprétation.
- A. : Présentes nous tes différents labels Shelter, Fundata et Trankill ? Quelles sont leurs lignes artistiques ? Où en es-tu avec ces structures ?
- U. : Fundata a été créé en 97, il était orienté techno. Shelter a été créé en 2000 et reflète ma transition musicale entre mes premières productions et ce que je fais maintenant. Quant à Trankill, c'était un délire noisy et hard fait avec un pote. Il ne devrait a priori plus jamais avoir de sortie sur ces labels.
- A. : Quels sont tes futurs projets ?
- U. : Un LP verra le jour sur Satamile fin 2005. J'espère continuer ma collaboration avec Andrew voire faire des remixes et produire avec d'autres labels. Pour les mixes electro, je garde le nom d'Umwelt. Concernant les lives, je n'ai pas encore trouvé la bonne configuration... Je continue à chercher. J'ai l'idée de créer un nouveau label. Je suis en train de préparer mon site Internet avec l'aide d'un ami. Pour finir, mon émission de radio "Teknocity" sera diffusée exclusivement sur le Net, à priori via mon site.
- A. : Que penses-tu de la scène electro en général et de la scène française en particulier ?
- U. : Les scènes electro française et internationale sont à double vitesse. Il y a la scène "electro club" très productive et trop formatée à mon goût. Ensuite vient la scène electro breaks plus underground et particulièrement confidentielle en France, encore trop peu représentée au niveau des DJs, des productions et des soirées.
- A. : Que peut-on te souhaiter de meilleur pour cette année ?
- U. : Que tous mes projets se réalisent et que chacun d'entre nous trouve sa place dans cette nébuleuse plus que jamais vivante qu'est la musique électronique. www.teknocity.fr.fm www.satamile.com www.kommando6.de Nexus 6, 19/09/2005
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